Atrata est un projet qui réunit des artistes internationaux. Défendant une approche plus mesurée de la création contemporaine, ses activités se développent dans deux lieux différents : Villa Atrata, Angles-sur-l’Anglin et 30 galerie de Montpensier, Palais Royal, Paris. 

Tirant son nom du tableau de la série Transparences de Francis Picabia, Atrata devient le signe de ce qui échappe aux attentes normales.

Gil Presti a inauguré Villa Atrata en mai 2022 avec une résidence et une exposition de Nick Mauss, après vingt ans comme galeriste à Londres et Paris mettant en avant le travail de figures historiques telles que Martin Barré, Marcel Broodthaers, Sarah Charlesworth, Michael Krebber, Michelangelo Pistoletto et Franz West. Les artistes contemporains Katherine Bradford, Liz Deschenes, Rochelle Feinstein, Jutta Koether, Nick Mauss, Amy Sillman, Cheyney Thompson, John Miller, Eileen Quinlan, Blake Rayne et Reena Spaulings formaient le cœur de son programme.

Reconverties en lieu d’expositions, de production et de résidences, la Villa Atrata et sa chapelle médiévale sont profondément liées à la rivière Anglin, offrant un environnement privilégié au contact de la nature.

Ouvert en octobre 2023, l’espace du Palais Royal est un lieu d’expositions composé d’une seule pièce créant un contexte intime et concentré, en lien avec l’activité de la Villa Atrata. Chaque artiste est invité à y présenter une œuvre importante ou un ensemble cohérent.

Le Palais Royal,  situé au centre de la ville, est depuis quatre siècles le cœur culturel de Paris, à quelques pas du musée du Louvre, de la Bourse du Commerce — Collection Pinault et de la future Fondation Cartier.

Anne Laure Sacriste

RIVER OF SHADOWS

25 janvier – 1er mars 2025

Atrata by Gil Presti
30 galerie de Montpensier
Jardin du Palais Royal
75001 Paris

Anne Laure Sacriste, née en 1970, est une artiste française qui vit et travaille à Paris. Sa pratique inclut une variété de médiums dont la peinture, la gravure, le dessin, le film et l’installation, intégrant souvent des références à l’histoire de l’art.

Son travail a été présenté dans de nombreuses expositions individuelles et collectives, dont Dialogue inattendu Morisot Sacriste, Portrait de B. M. étendue, Musée Marmottan Monet, Paris, 2023 ; Le Monde sans les mots, Centre Européen d’Actions Artistiques Contemporaines, Strasbourg, 2023 ; Toguna, Palais de Tokyo, Paris, 2018 ; Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, Musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint-Étienne, 2018.

Collections publiques : Fondation Nationale d’Art Contemporain (FNAC) à Paris ; Musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint-Étienne ; Fonds Régionaux d’Art Contemporain (FRAC) en Normandie, Auvergne, Alsace.

Empruntant le titre de son exposition au livre de Rebecca Solnit sur Eadweard Muybridge et le « Far West technologique », Anne Laure Sacriste présente dans « River of Shadows » un ensemble de peintures issue de deux séries distinctes : Reflecting Thoughts (Ingres) et William Morris.

À la fin des années 80 à New York, Sacriste, alors étudiante à Parsons, se plonge dans le travail de Jim Jarmusch, fascinée par ses longs travellings. Elle regarde aussi beaucoup David Lynch, inspirée par la manière dont le cinéaste construit des énigmes par des collages d’images. Sacriste n’hésite pas lorsque je lui demande quel est son Lynch préféré : Lost Highway (1997). Le double rôle de Patricia Arquette, à la fois épouse détestée et séductrice, fait écho au processus étrange du cinéma lui-même : une répétition fantasmagorique du réel, un déplacement, que Sacriste rejoue dans la peinture.

Il se dégage des portraits de Sacriste une aura particulière et ambiguë, qui n’est pas sans rappeler le procédé de fumée de mercure de Louis Daguerre et l’argent plaqué sur cuivre. La surface envoûtante du daguerréotype, qui partageait autrefois le même espace que ses sujets capturés, est ici convoquée par l’artiste. Sacriste découvre la gravure sur cuivre aux Beaux-Arts dans les années 90, et se régale encore de la richesse de ce médium et des différents gestes qu’il produit dans sa peinture, notamment « le dessin aveugle ». Ainsi, les marques laissées par la pointe sèche ne sont lisibles qu’une fois le support sorti des bains d’acides. Ces traces, telles des ombres, sont les preuves du réel, de la main et du vécu de l’artiste. A l’instar de la série d’Andy Warhol intitulée Shadows (1978- 1979), en partie inspiré par le choc que fut de voir l’exposition éponyme au Musée d’Art Moderne de Paris (rassemblée par Sébastien Gokalp, 2015), le travail de Sacriste montre des failles dans le processus obsessionnel de la répétition de l’image. Pour les deux artistes, la mécanique aléatoire offre un espace dans lequel les mémoires et les fantômes peuvent s’immiscer.

Ingres, contemporain de Daguerre, est entré dans le lexique visuel de Sacriste sous la forme d’une carte postale du Portrait de madame de Senonnes (1814). Cette reproduction miniature du tableau, autrefois sauvé de la boutique d’un antiquaire par un artiste local et maintenant trésor du Musée des Beaux-Arts de Nantes, « suivait » la jeune artiste de studio en studio. « Ma muse », dit Sacriste. Ici, dans une palette de minuit sur toile iridescente, surfaces de velours habillées de mercure liquide, Madame Duvaucey (2019), Madame Moitessier (2020) et Comtesse d’Haussonville (2020), ombrées et inversées par Sacriste et dont les dimensions sont équivalentes aux portraits originaux, semblent être des reflets aperçus dans un miroir marbré. Sous le pinceau délicat de l’artiste, la robe de satin bleu ciel de la future Comtesse d’Haussonville brille de la couleur des rayons de lune et penche vers la gauche. Le fils de la Comtesse, accablé de lourdes taxes sur les héritages, vendit l’oeuvre au marchand Georges Wildenstein, lequel la vendit ensuite à Henry Frick.

Dans ses toiles et ses accrochages précis émane le mouvement, comme un aller-retour, d’une absence et d’une présence. Sacriste nous montre la porosité entre le vivant et son spectre. Lorsqu’elle parle de ses visites à Madame Duvaucey, Madame Moitessier et Madame D’Haussonville, aujourd’hui abritées dans des musées du monde entier, elle semble parler d’un cercle d’amies avec lesquelles une conversation de longue date a été engagée.

Dans le cadre de cette exposition, les portraits sont entourés de ses toiles inspirées de William Morris, Copper floral (2016), After Morris Blue (2018), et Moiré floral (2018). En reproduisant les motifs des papiers peints crées par Morris, Sacriste assume pleinement l’aspect décoratif et architectural de ses peintures, comme elle le fait avec les portraits d’Ingres qui deviennent aussi motifs. Le terme « moiré », dérivé du tissage scintillant du mohair, désigne un effet ondulé et aquatique, visible sur les tissus soyeux ou dans les photos numériques d’un écran de télévision. Ici, les délicats reflets féminins de Sacriste évoquent les textures et l’espace privé du boudoir. Du verbe français « bouder » (faire la moue), le boudoir désigne à la fois un espace intime de retraite féminine, mais surtout un espace de liberté. En effet, c’est dans ces intérieurs où les femmes pouvaient s’exprimer librement, sans entraves sociales liées à la présence masculine, que certains des premiers salons féminins se sont développés dans la France du XVIIIe siècle.

Cette possibilité de parole est essentielle, comme le souligne Solnit dans le livre polémique qu’elle publie peu après son impressionnant ouvrage sur Muybridge, Men Explain Things to Me. Pour elle, le silence imposé aux femmes fait partie du même spectre que la violence envers les femmes. Dans cette exposition, Madame Moitessier et la Comtesse D’Haussonville semblent presque se chuchoter l’une à l’autre de manière conspiratrice. En effet, on dit qu’Ingres était follement amoureux de Madame Moitessier. Alors qu’elle refuse ses avances, le peintre l’enferme dans cette toile en salissant symboliquement sa robe. Ses bras et son cou, dans une anatomie inventée par Ingres et qui semble dépourvue d’ossature, peut faire penser à la forme et la couleur de ces biscuits saupoudrés de sucre : les boudoirs. Les plaisirs gourmands et sexuels sont faciles à invoquer sous les arcades du Palais Royal, que le Duc d’Orléans fit ériger à la fin du XVIIIe siècle comme source de revenus. Hors de portée de la police municipale, les échanges libres à l’intérieur des échoppes, louées aux enchères les plus élevées, bouillonnaient d’effervescence à travers le début du XIXe siècle. Les tableaux qui composent l’exposition « River of Shadows » forment un ensemble contemplatif, immersif et disruptif dont le sujet principal est la peinture.

—– Lillian Davies 

Télécharger le communiqué de presse

Nick Mauss, Likenesses
21 mai – 29 octobre 2022, Villa Atrata, Angles-sur-l’Anglin
Megan Francis Sullivan, Likenesses
21 mai – 29 octobre 2022, Villa Atrata, La Roche Posay
Dustin Hodges, Pink Shadow
27 mai – 1er août 2023, Villa Atrata, Angles-sur-l’Anglin
7 juin – 1er juillet 2023, Atrata Paris
Sophie Reinhold, Prediction of Forecast
23 septembre – 11 octobre 2023, Villa Atrata, Angles-sur-l’Anglin
15 octobre – 11 novembre 2023, Atrata Paris
Karen Swami, Bas-reliefs
2 décembre 2023 – 13 janvier 2024, Atrata Paris
Cheyney Thompson, f(torse)
10 février – 16 mars 2024, Atrata, Paris
Leonor Fini, Dessins érotiques
19 mars – 11 mai 2024, Atrata, Paris
Guillaume Dénervaud, Thulite
18 mai – 30 juin 2024, Villa Atrata, Angles-sur-l’Anglin
25 mai – 13 juillet 2024, Atrata, Paris

Elené Shatberashvili, Paintings and Drawings
7 septembre – 8 octobre 2024, Atrata, Paris

Nina Childress, DOLLY
30 novembre 2024 – 18 janvier 2025, Atrata, Paris

13 octobre – 23 novembre 2024, Atrata, Paris

30 Galerie de Montpensier
Jardin du Palais Royal
75001 Paris

Mardi – Samedi de 12h à 18h30

gilpresti@atrata.com

+33 7 60 30 60 60

86260 Angles-sur-l’Anglin

Train

Trains directs (TGV – 1h25): Paris Montparnasse / Châtelleraut
Taxi : 15 minutes depuis la gare de Châtelleraut

Hébergement suggéré

Le Relais du Lyon d’Or
4 Rue d’Enfer
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10 Place de la République
86270 La Roche-Posay
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Les expositions dans la chapelle sont ouvertes au public.
Samedi et Dimanche de 14h à 18h ou sur rendez-vous

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